L'arbre à thé et la lavande, des perturbateurs endocrinien ?

J'en ai reçu des mots suite à la parution de ce tissus d'âneries... mais ce qui m'étonne, est combien, en dépit de ce que j'enseigne, certains sont encore capables d'y croire. Donc, voici comment tout ça a commencé et d'où ça vient.

Cela s'est passé il y a 10 ans. Trois garçons, âgés de 4, 7 et 10 ans, sont venus voir leur médecin à cause d'une croissance mammaire. Les deux plus jeunes étaient prépubères, mais le plus âgé des trois était au stade le plus précoce de la puberté et ses seins grandissants étaient aussi grands que ceux d'une fille entrant dans la puberté. On sait que les œstrogènes stimulent la croissance des seins. Mais les taux d'hormones des garçons étaient normaux. Alors leur médecin, Clifford Bloch, a cherché des perturbateurs endocriniens potentiels, une possible source au problème. Il a conclu que les huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé étaient les coupables (et oui... pourquoi pas ! Parmi toutes les possibilités...). C'est bien pratique de se tourner vers des huiles essentielles dans ces cas là. Sauf que ni la lavande, ni l'arbre à thé ne sont des huiles qu'on appelle "hormonales". Alors, revenons depuis le début.

Donc, c'était il y a dix ans. Bloch et des chercheurs du National of Environmental Health Sciences ont publié les résultats de leur étude de 2007 dans le New England Journal of Medicine. Le National Institutes of Health a ensuite publié une alerte que les huiles de lavande et d’arbre à thé peuvent provoquer la croissance des seins chez les garçons.

Depuis lors, les industries de la parfumerie et de l'aromathérapie ont réagi, avec une étude de 2013 concluant que l'huile de lavande n'est pas un perturbateur endocrinien comme on le prétend (et je suis tout à fait d’accord ! Ces huiles là, la lavande et l’arbre à thé n’ont absolument rien à voir avec les hormones !). Cette année-là, trois autres scientifiques liés à l'industrie ont publié une lettre à l'éditeur dans la revue Reproductive Toxicology réfutant la découverte de 2007 selon laquelle les huiles essentielles «affectent la puberté».

Alors reprenons encore les faits depuis le début : il faut examiner les preuves présentées en 2007.

Les trois enfants utilisaient régulièrement des produits à base de lavande: un «baume guérisseur» pour le shampooing, un gel coiffant à la lavande et à l’arbre à thé et un savon à la lavande. Si on me posait la question je dirais : vous savez combien d’huile essentielle il y a dans un savon et un shampoing ? Et combien de temps le corps est en contact avec ? Moi j’applique et fait appliquer des traitements qui contiennent ces huiles essentielles là et personne, mais vraiment personne, depuis 10 ans, n’a eu une réaction, quelle qu’elle soit ! Et surtout pas hormonale !

Dans un article sur le site de l'Association nationale pour l'aromathérapie holistique, Robert Tisserand, auteur, conférencier, professeur et à l’origine de tout ce que j’ai appris à l’école d’aromathérapie, a fourni une réfutation. Ses affirmations reposent en partie sur les faibles niveaux d'exposition que les garçons de l'étude initiale devaient avoir. C'est vrai, quand on y pense, des produits comme le savon et le shampooing sont rincés bien avant que les huiles essentielles aient pu être absorbés par la peau !

Comprenez mieux l'action des huiles essentielles sur l'organisme grâce à AromaPro mini, la version la plus "digeste" et rapide de la formation en ligne AromaPro. 

Il n’y a pas eu massage ! Et on peut aussi se demander combien d'huiles essentielles étaient dans les produits ( et même s’ils en contenaient…). Dans une étude publiée cette année par l'Institut de recherche sur les matériaux parfumés on a testé les huiles essentielles elles-mêmes. Les chercheurs ont exposé des bébés rats femelles aux huiles essentielles de lavande à des doses élevées - 6 000 et 30 000 fois les niveaux maximaux estimés auxquels un humain serait exposé à travers des produits de bain et de beauté. En tant que témoins positifs et négatifs, les chercheurs ont utilisé l'œstrogène et l'huile de maïs.

À la fin de l'étude, les chercheurs ont constaté que le groupe de rats ayant reçu de l'œstrogène a gagné plus de poids que le groupe témoin et ceux qui ont reçu de l'huile essentielle de lavande (forcément… puisque l’HE de lavande n’a aucune activité régulatrice sur les hormones… rien à voir avec l’HE de géranium ou de sauge sclarée !). Quand on leur donne l'huile essentielle de lavande, en fait, le gain de poids diminue chez les rats. De plus, ils ont mesuré le poids des utérus des rats et ont constaté que ceux qui avaient reçu des œstrogènes étaient plus lourds que les autres.

Bref, l'étude conclut que l'huile essentielle de lavande à ces doses élevées n'a aucune activité oestrogénique. Il faut quand même noter que les deux études ont utilisé des huiles essentielles de lavande de différents fabricants. Et ça peut tout changer ! En général, il est rare de trouver une huile essentielle irréprochable et de qualité thérapeutique dans des produits de consommation courante ou des produits de beauté… Ce sont plutôt des huiles de basse qualité, complétées chimiquement et souvent de source douteuse. Cela permet de douter fortement de la validité des résultats de l’étude qui affirme que les huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé sont des perturbateurs endocriniens. Personne n’a pensé (par ignorance) à se demander si les soit disant huiles essentielles présentes dans les produits en question avaient été contaminées de quelque façon que ce soit… Ce serait une bonne explication sachant combien on trouve de tout dans les produits de beauté et d’hygiène produits industriellement. Il n’y a vraiment que dans un cadre thérapeutique que l’on dirige les consommateurs vers des produits irréprochables…

Nous nous retrouvons un peu dans la même situation que les enfants qui deviennent prépubères de plus en plus tôt à cause de la présence d’hormones de croissance dans le lait de vache produit aux Etats Unis ! On ne peut pas généraliser à tous les laits ! Certains laits sont irréprochables et garantis sans hormones de croissance, ou mieux, bio ! Du coup, on n’est même pas surpris d’apprendre que des études sur d'autres huiles essentielles ont révélé une contamination par des pesticides et des phtalates perturbateurs du système endocrinien.

Les phtalates sont un groupe de produits chimiques utilisés pour rendre les plastiques malléables et ils peuvent avoir une activité œstrogénique. Une étude des huiles essentielles d'une plante sauvage en Iran mentionne la contamination des plantes par les phtalates en raison de la pollution de l'eau et du sol. Cependant, une autre étude sur les huiles essentielles d'agrumes en provenance d'Italie a révélé que la contamination par les phtalates provenait du plastique utilisé dans la transformation. Les risques de contamination sont grands… mais ne sont pas une généralité. Toutes les huiles d’agrumes ne sont pas contaminées… il faut juste les choisir bio.

Robert Tisserand, avec un chercheur australien et le PDG de l'Australian Tea Tree Industry Association, ont évoqué la possibilité d'une contamination dans leur lettre de 2013. Ils critiquent l'étude initiale de 2007 qui a bien sûr employé des huiles essentielles non biologiques, qui peuvent avoir été contaminées et pour ne pas avoir analysé leurs compositions chimiques. C’est l’exemple type qui montre avec quelle rapidité les chercheurs peuvent amener à des conclusions erronées par simple ignorance sur les produits qu’ils examinent. Ils soulignent également que les études de l'activité œstrogénique des huiles essentielles pourraient trouver des résultats faux positifs, car ils utilisent des récipients en plastique dans le laboratoire. Les récipients en plastique pourraient lessiver les nonylphénols et les phtalates œstrogéniques dans les huiles essentielles

.En résumé, il faut se rappeler que l'étude initiale a été publiée il y a neufs ans, que les chercheurs ne sont pas pressés de trouver des réponses définitives et que les seules réfutations qui ont été présentées proviennent de conflits d'intérêts évidents. Si la presse a été déterrer ce genre d’information pour la tirer en épingle et susciter autant de doutes dans le public (non informé), cela n’est pas un hasard.

La popularité croissante des huiles essentielles fait de plus en plus d’ombre à une industrie du médicament qui est prête à tout pour discréditer ce qui est naturel.

 Ils ont des moyens. Ils s’en servent. Il est très facile de détourner l’information et de n’utiliser que ce qui va faire surgir le scandale. En conclusion, ce que je voudrais que vous reteniez c’est que oui, il y a un potentiel de contamination, et c’est pour cela que je vous éduque sur la bonne façon de choisir vos huiles essentielles. Rappelez vous que des huiles à prix très bas sont toujours suspectes. Dans la vidéo ci-dessous je vous donne des informations qui vous permettent de mieux comprendre le sujet. Et puis, il vaut toujours mieux choisir des huiles essentielles bio et venant d’une petite structure ayant une bonne réputation. Deuxièmement, il y a beaucoup plus d'études montrant les effets bénéfiques sur la santé des huiles essentielles que les effets potentiellement négatifs. Et c’est cela qu’il faut garder à l’esprit… Et puis, entre nous, si vous avez des poux à tuer, saturez les cheveux avec de la mayonnaise au citron (la moins chère du commerce), couvrez de plastique et laissez mariner toute la nuit. les poux n'y résistent pas !

Screen Shot 2020-05-06 at 6.19.14 PM.png
Cecile Ellert8 Comments