Des anti-psychotiques pour nos enfants : une bonne idée ?

Que l’on soit au début de l’été ou pas, on peut éprouver une forme d’impatience à l’idée de voir se rapprocher la rentrée des classes : celles qui va vous délivrer de nos chères petites têtes blondes.

Il n’y a pas de honte à l’avouer ! Même si on les aime, on aimerait bien pouvoir parfois leur retirer leurs piles… qu’ils s’arrêtent, se posent quelque part, se perdent dans un livre, rangent leur chambre en silence… bref, qu’ils nous fichent la paix. Nous l’avons tous souhaité à un moment ou à un autre. C’est peut-être votre cas si votre fils qui ne peut pas rester immobile à l’école, si votre nièce pousse une crise de nerfs au super marché, ou si vous devez subir durant des heures ce petit qui ne va pas arrêter de pleurer pendant tout ce vol de nuit. On s’imagine armé d’une carabine à fléchette anesthésiante, on presse sur la gâchette et… enfin le silence. On se ferait mettre en prison directement si on cédait à cette tentation…

Et pourtant, combien de parents se prêtent justement à cet acte en allant voir un psychiatre qui va leur donner l’arme fatale : des antipsychotiques.  Vous savez, les petites pilules qu’on donne aux enfants qui pompent l’air de tout le monde parce qu’ils sautent dans tous les sens, et semblent ne jamais s’arrêter ! Ces médicaments sont juste une version « prescrite » d’une fléchette anesthésiante. D’ailleurs, les fléchettes qu’on utilise pour tranquilliser les animaux contiennent souvent des antipsychotiques.

Or aujourd’hui, la tendance est de les prescrire de plus en plus à nos enfants.

De 1993 à 2002, les antipsychotiques  prescrits aux enfants dès 2 ans ont augmenté de plus de 500% .

C’est ce que nous révèle la psychiatre intégrative Kelly Brogan afin d’alerter les parents… parce qu’elle sait que de nombreux parents cherchent désespérément des réponses et qu’il peut être tentant d’avoir recours à une pilule magique, qui de plus est prescrite par un médecin, donc, interprétée comme étant "sans danger…" Elle a raison. Il faut détromper les parents, car la pilule magique n’existe pas, et y avoir recours a un coût. De nombreux effets secondaires.

Les effets secondaires

Bien sûr, la majorité des études relatives aux effets secondaires des antipsychotiques concernent les adultes. Et pourtant, ce sont les enfants qui sont aux premières loges. Une étude récente nous éclaire. Dans cette étude, des enfants âgés de six à dix-huit ans ont été rangés en trois groupes. Chaque groupe a reçu l’un de ces  antipsychotiques «de deuxième génération» : l’olanzapine (xyprexa), la rispéridone ou l’aripiprazole (ces drogues là, ce n'est pas de la rigolade....). Tous les sujets avaient des problèmes de comportement et au moins un diagnostic psychiatrique, tel que le TDAH (trouble de l'attention et hyperactivité. C'est catalogué dans les troubles psychiatriques). Aucun n'avait jamais pris d'antipsychotiques auparavant. À la fin de l'étude de douze semaines, les trois groupes ont montré un changement de comportement.

Cependant, les trois groupes ont également montré des effets secondaires négatifs importants :

  • une résistance accrue à l'insuline, ce qui expose à un risque élevé de diabète2.

  • une augmentation de la graisse corporelle, en particulier dans l'abdomen autour des organes.

Or, la graisse répartie dans l'abdomen autour des organes (graisse viscérale) est beaucoup plus dangereuse que la graisse juste sous la peau (graisse sous-cutanée) . En bref, l'excès de graisse corporelle est un facteur de risque de maladie, mais si cette graisse est distribuée dans la région viscérale, cela crée un risque supplémentaire de maladies cardiovasculaires, de diabète, de certains cancers, d'hypertension et de cholestérol anormal.

C’est déjà alarmant en soi, mais le pire est que les chercheurs ont émis l'hypothèse que leur étude «sous-estime probablement les effets du traitement à long terme», car ces changements négatifs sont souvent progressifs au cours de la première année de traitement. Ce qui signifie que les risques réels à long terme d'obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires sont probablement beaucoup plus importants que ceux détaillés dans cette courte étude de trois mois.

Et puis, ce qui pour moi est difficile à avaler, c’est que les enfants, en général, sont «physiquement et émotionnellement plus vulnérables aux effets indésirables (des antipsychotiques) en raison de leur taille réduite, de leur physiologie en développement et de leur impact négatif sur les perceptions de leurs pairs. Bref, ce qui est mauvais pour les adultes l’est aussi pour les enfants, mais juste en pire. Alors, même si le besoin de la fléchette anesthésiante se fait pressant, pourquoi baisse-t-on malgré tout les bras en droguant les enfants ? En fait, au départ, la majorité des antipsychotiques ne sont en réalité pas donnés aux enfants pour traiter des psychoses. On les garde pour traiter les troubles du comportement. Par exemple, seuls 2,8% des sujets de cette étude présentaient des symptômes correspondant à une psychose. Les autres, 97,2%, faisaient partie de la population à anesthésier, ceux dont le comportement était jugé inacceptable par l'école, la famille ou les deux. 

Vous allez me dire : et l’éducation alors ? Effectivement…

De plus, le recours aux antipsychotiques/fléchette tranquillisante pour répondre à ce cas de figure n’a pas été approuvé par les autorités, ici aux Etats-Unis, en raison de «preuves insuffisantes d’innocuité et d’efficacité». Ce qui m’étonne, c’est combien le recours à ces drogues légales est plus que généralisé aux Etats-Unis, et le sera sans doute d’ici 10 ans en Europe (qui suit toujours, entre 10 et 20 ans). Les informations concernant le cas de la France et de l’Europe ne sont pas rassurantes… parce que dans cairn.info on découvre que, comparé aux Etats Unis et aux autres pays Européens « les enfants et adolescents français sont plus consommateurs de benzodiazépines et d’antipsychotiques , et moins de psychostimulants ». No comment.

Pour vous donner un exemple de l’étendue des dégâts, je disais plus haut « plus que généralisé » parce que c’est ce que mes enfants ont constaté lors de leur passage à l’université (aux Etats Unis) : les programmes étaient en fait mis en place en prenant en compte la prise des anti-psychotiques qui augmentent la capacité d’attention des étudiants. Si vous aviez la malchance (comme mon fils), de ne pas vous droguer, vous ne pouviez pas suivre la cadence exigée en terme de performance académique. Beaucoup d’étudiants admettent ne pas vouloir tout risquer en arrêtant la Ritaline et l’Aldéral. 

Alors, quelle est la bonne attitude ? Quel est ce genre de médecine ? Allons nous réellement dans le bon sens ? Agissons nous pour le bien de nos enfants ?

L’erreur de départ est de croire en l’innocuité et en l’efficacité des médicaments anti-psychotiques. On ne peut oublier le fait que l’objectif du psychiatre n’est pas de rechercher de meilleurs protocoles de traitement, mais de protéger le pouvoir, le prestige et les intérêts financiers de l'établissement psychiatrique.

Alors, la prochaine fois que vous éprouverez l’urgence de neutraliser une bonne fois pour toute votre progéniture, pensez plutôt à ce qui a fait ses preuves :

Je sais, cela demande un peu plus d'effort que de shooter les gosses à la chimie neutralisante, mais au moins, vous ne vous fabriquerez pas des drogués très malheureux qui vous le reprocheront un jour.

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